Origine
Le Co-enzyme Q10 a été découvert en 1957, dans le cœur du bœuf par le professeur Fredrick L. Crane à l’université du Wisconsin–Madison, aux Etats-Unis. Son rôle dans la production d’énergie cellulaire ne fut découvert que 10 ans après et valut le prix Nobel de chimie à Peter Mitchell, un chercheur Britannique.
Qu’est-ce que le Co-enzyme Q10 ?
Les termes « ubiquinone » et « ubiquinol » désignent tous deux le Co-enzyme Q10, composé semblable à une vitamine. Il assure deux fonctions essentielles :
- contribuer à la production d’énergie au cœur de nos cellules
- protèger les lipides, les protéines et l’ADN des phénomènes d’oxydation.
Dans le corps humain, les concentrations les plus importantes en Co-enzyme Q10 se situent au niveau du cœur, du foie et des reins.
Peut-on être carencé en Co-enzyme Q10 ?
Certains aliments, principalement d’origine animale comme les viandes et poissons, mais aussi l’huile de colza et les oléagineux sont des sources de Co-enzyme Q10 qui viennent compléter la production interne assurée par notre organisme. Les légumes (choux, épinards petits pois), les fruits (orange, fraises, pommes) et les céréales sont également source de Co-enzyme Q10.
Les niveaux de Co-enzyme Q10 fluctuent avec l’âge. Dans le cœur, le cerveau et les poumons, ils atteignent leur niveau le plus élevé à l’âge de 20 ans avant de diminuer ensuite. Au niveau du muscle cardiaque, la production de Co-enzyme Q10 est réduite de moitié à l’âge de 80 ans.
Les études montrent que les personnes jeunes, en bonne santé et omnivores ne sont jamais carencées en Co-enzyme Q10 ; l’organisme fabrique la quantité de Co-enzyme Q10 suffisante pour répondre à ses besoins.
Les déficits peuvent en revanche apparaître au cours du vieillissement, lorsque les niveaux de cholestérol et de triglycérides sont élevés, lors de traitements médicamenteux comme les statines pour traiter l’excès de cholestérol, ou lors d’une consommation excessive d’alcool. De faibles apports alimentaires en Co-enzyme Q10, ou en certains nutriments indispensables à sa production comme la vitamine B6 peuvent aggraver la situation.
A l’inverse, la supplémentation en Co-enzyme Q10 comme adjuvant peut s’avérer une approche efficace pour aider à lutter contre certaines affections notamment dans le domaine cardiovasculaire, en complément d’un traitement contre le cholestérol ou contre le stress oxydatif impliqué dans de nombreux problèmes de santé.
Le Co-enzyme Q10 et la santé cardiovasculaire
Le Co-enzyme Q10 permet de prévenir l’oxydation des particules de cholestérol LDL. Ce phénomène contribuerait à la formation des plaques d’athérome sur la paroi interne des vaisseaux sanguins. La supplémentation en Co-enzyme Q10 pourrait donc aider à lutter contre les maladies cardiovasculaires.
Par ailleurs, depuis 2007 plusieurs études internationales ont démontré qu’en bloquant le LDL-cholestérol par inhibition de la HMG-CoA reductase, les statines diminuent en même temps la synthèse de Co-enzyme Q10 (Drug Safety. 2007, 30 (8) ; Am J Cardiol 2007, 99 ;
https://www.cochranelibrary.com/central/doi/10.1002/central/CN-01036880/related-content).
Une équipe internationale a mené une étude pour évaluer les effets d’une supplémentation de deux ans en Co-enzyme Q10 en traitement d’appoint chez des personnes souffrant d’insuffisance cardiaque. (A. Mortensen. J Am Coll Cardiol HF. 2014, 2 (6)). Les 420 personnes recrutées par les chercheurs ont bénéficié de 300 mg de Co-enzyme Q10 ou d’un placebo.
À l’issue du traitement, les signes de la maladie se sont améliorés et la survenue d’accidents cardiaques majeurs a été plus rare dans le groupe ayant reçu la supplémentation.
Une bonne tolérance et une absence d’effets secondaires lorsque le Co-enzyme Q10 est pris conjointement aux médicaments classiques a également été montrée.
Des études suggèrent enfin qu’il peut faire baisser le taux de triglycérides et de lipoprotéines A chez les personnes diabétiques (N. Suksomboon. J clin Pharm ther. 2015, 40 (4)) deux facteurs favorables à la santé cardiovasculaire. Les effets positifs sur la lipoprotéine A semblent également visibles chez les personnes sans diabète (A Sahebkar. Pharmacological Research. 2016, 105).
Métabolisme du Co-enzyme Q10
Dans notre organisme, le Co-enzyme Q10 existe principalement sous deux formes : l’ubiquinone, une forme oxydée qui, sous l’action d’enzymes, se transforme en ubiquinol, une forme réduite directement impliquée dans la production d’énergie cellulaire.
Le Co-enzyme Q10 est une molécule incroyablement versatile : la forme oxydée peut être aisément réduite dans notre corps en présence d’autres antioxydants et vice versa. Ce processus a lieu naturellement dans toutes les mitochondries et le passage d’une forme à l’autre a lieu plusieurs fois par seconde.
Le Co-enzyme Q10 est disponible sous forme d’ubiquinone dans les compléments alimentaires et sous forme d’ubiquinol depuis 2006. Il semble 40% à 50 % supérieur en terme de biodisponibilité par rapport au Co-enzyme Q10 classique (Langsjoen 2013) ; cependant d’après les données sur les concentrations cellulaires il n’y aurait aucune supériorité d’une forme par rapport à l’autre (Y Zhang. Food and fonction. 2018, 11)
Impact des additifs mélangés au Co-enzyme Q10
Une étude menée à l’université Pablo de Olavide de Séville en Espagne dirigée par Guillermo Lopez-Lluch s’est quant à elle penchée sur l’influence de la composition en excipients des compléments alimentaires contenant du Co-enzyme Q10. Il n’existe pas de preuve que l’ubiquinol soit supérieur à l’ubiquinone mélangé dans de l’huile de soja, qui semble être la formule ayant montré le plus de bienfaits dans les études cliniques sur le plan cardiovasculaire.
Enfin, la nature instable de l’ubiquinol empêche aussi son utilisation en mélange avec d’autres ingrédients (par exemple, la vitamine C diminue son assimilation), par exemple dans un complexe multivitamines.