Responsable d’un mal-être général, le burn-out est souvent attribué au rythme de vie professionnel
Entré dans le langage courante, le terme « Burn-out » est très souvent utilisé à tort et à travers, ce qui tend à prouver que sa définition reste encore flou.
Si la traduction litterale de « Burn-out » est « se consumer » (à l’instar d’un bougie), le corps médical lui-même reste divisé : est-ce une maladie physique ou mentale ? Est-ce vraiment une maladie ou une sous-catégorie de la dépression ? Une proposition de loi, rejetée par l’Assemblée Nationale en 2018, a même été rédigée afin de reconnaitre le burn-out comme maladie professionnelle.
C’est en 1974 que le psychologue Herbert Fraudenberger utilise ce terme pour la première fois. Travaillant bénévolement dans une clinique de New York venant en aide aux personnes défavorisée, il constate peu à peu son épuisement face à une charge et un rythme de travail sans cesse grandissant. Son état se traduit par une grande irritabilité, une fatigue constante suivie de phases de sommeil pouvant durer toute une journée. Remarquant qu’il n’est pas le seul à avoir ces symptômes, il décide d’en faire l’étude et baptise cet état général « BURN-OUT ». Son travail sera suivi, quelques années plus tard, en 1981, par celui de la psychologue Christina Maslach qui met au point le Maslach Burnout Inventory ( MBI ), un questionnaire utilisé encore aujourd’hui pour diagnostiquer les symptômes du burn-out.
Le burn-out : une maladie non-officielle
Quarante ans plus tard, le burn-out est encore très mal défini : est-ce vraiment un maladie et si oui, est il d’ordre physique ou Mental ? Selon l’association France Burn-out, un «burn-out» n’est ni une dépression, ni une maladie psychique mais une «maladie aux symptômes très physiques». Contrairement aux autres maladies, aucun signe biologique ne contribue au diagnostic du burn-out. Le terme burn-out est hors de toute classification officielle, classification qui, normalement, sert au médecin à établir son diagnostic. La Haute Autorité de Santé (HAS) publie, en 2017, un rapport sur la question estimant que le burn-out n’est pas une maladie mais préfère parler d’un syndrome : « Le syndrome d’épuisement professionnel n’est pas considéré comme une maladie. Il se rapproche d’autres situations telles que la souffrance au travail ou les effets du stress lié au travail« . Force est de constater que le burn-out regroupe un ensemble de symptômes caractéristiques d’une maladie, d’un état clinique différent de la norme.
Bien que non reconnu, on ne peut pourtant pas nier le mal-être et la souffrance des personnes en burn-out. Anxiété, irritabilité, troubles de la mémoire et de l’attention, repli sur soi, troubles du sommeil et baisse de motivation sont autant de signes traduisant l’implantation de cet épuisement physique, émotionnel et mental. Les situations susceptibles de plonger le sujet dans cet état ne manquent pas, sous des formes très diverses : surcharge de travail, objectifs à atteindre surréalistes, conflits hiérarchiques, perte de confiance, manque de soutien moral…Les professions de service ou de contact sont particulièrement touchées ( professions du milieu hospitalier, médecins, enseignants, forces de l’ordre,etc…)
Le burn-out est-il uniquement professionnel ?
Le burn-out souvent, attribué au milieu professionnel, lui est-il uniquement lié ? Ici encore, la question est un peu floue. Lorsque l’on parle de la sphère privée, certains médecins préfèreront utiliser le terme de « surcharge mentale ». Selon le Dr Marie-Pierre Guilho-Bailly, psychiatre spécialisée en pathologie professionnelle au CHU d’Angers, « Il est indispensable de ne pas étendre le concept de burn-out à toutes les situations de surcharge mentale que la vie personnelle, familiale ou sociale peut engendrer. Le seul ’burn-out’ qui, de notre point de vue, puisse être retenu concernant le milieu familial renvoie au travail des aidants familiaux« . Pour autant, il n’existe pas de consensus permettant d’affirmer le caractère uniquement professionnel du burn-out et certaines études récentes tendent à montrer l’existence de symptômes similaires dans la vie privée. Ainsi, une étude menée par l’Université Catholique de Louvain (Belgique) sur 1700 personnes a montré que «certains parents sont tellement épuisés que le terme de burn-out est approprié».
Le Dr Guilho-Bailly ajoute que le manque de reconnaissance du burn-out provoque souvent un « diagnostic tardif ». Or, un burn-out qui se prolonge peut entraîner des complications graves ( risques suicidaires, accidents de travail, etc…) «Bien des syndromes d’épuisement professionnel ont été diagnostiqués après une hospitalisation en urgence, pour malaise au volant, accident de la route, ou une poussée hypertensive sévère», remarque-t-elle. Elle ajoute en conclusion :«Pour éviter d’en arriver là, il est donc capital de ne pas méconnaître les premiers signes d’alerte, les symptômes précurseurs, souvent banalisés ou déniés».